Qu'est-ce que l'ostéopathie?

Un peu d'histoire...

L'ostéopathie a été fondée en 1874 aux Etats-Unis par Andrew Taylor Still (1828-1917).

A. T. Still a d’abord eu une enfance rythmée par sa vie dans la nature auprès des animaux. Il se sensibilise rapidement à la mécanique (ce qui aura un rôle important dans le développement du concept ostéopathique) puis commence à pratiquer la médecine dans les années 1850. A.T. Still jouera ensuite un rôle actif à la guerre de Sécession (1861) pour l'abolition de l'esclavage, en tant que médecin et chirurgien. Peu après, plusieurs membres de sa famille meurent de méningite : la souffrance personnelle est importante. Stimulé par cette épreuve à trouver des solutions, il étudie encore plus en détail le fonctionnement du corps humain et s'inspire des différentes approches à sa disposition. Il émet ainsi l’idée (révolutionnaire pour l’époque) d’une relation entre l’anatomie du corps et son fonctionnement physiologique.

L’ostéopathie arrive en France dans les années 1950, par des praticiens formés aux Etats-Unis ou en Angleterre. En 1962, le monopole d’exercice est attribué aux médecins ou kinésithérapeutes. La France légalise l’exercice de l’ostéopathie avec la loi n°2002-303 du 4 mars 2002. Les décrets d’application seront publiés en 2007, avec reconnaissance des praticiens en exercice avant l'application de la loi. En 2014, un nouveau cadre règlementaire basé sur des critères de formation clairement établis sera élaboré.

Andrew Taylor Still fondateur de l'ostéopathie
Andrew Taylor Still fondateur de l'ostéopathie
Andrew Taylor Still
Andrew Taylor Still
Andrew Taylor Still
Andrew Taylor Still
Andrew Taylor Still
Andrew Taylor Still

Philosophie et principes fondateurs

A.T. Still dans sa volonté de transmettre une philosophie de l’ostéopathie, développe 4 concepts clés :

  • La suprématie des lois de la nature et de la vie : « L’ostéopathie est une science qui analyse l’Homme [...] Il s’agit d’une science régie par les lois de la nature. »(4) et « la Nature c’est la santé »(5).

  • L’unité triple de l’homme : « Je trouve en l'homme un univers en miniature. Je trouve la matière, le mouvement et l'esprit »(4). La matière est inertie par essence, et la force est mouvement. Mais dans les organismes vivants, il est quelque chose de plus : la vie.

  • Le principe d’auto-guérison : « Le corps de l'homme [...] comprend en lui-même tous les liquides, drogues, lubrifiants, opiacés, acides et antiacides [...] pensés nécessaires au bonheur et à la santé humains »(4). L’ostéopathe utilise la thérapie manuelle pour réharmoniser l’individu et faciliter l’homéostasie. Selon A.T. Still « Le devoir du praticien n’est pas de guérir le malade mais d’ajuster une partie ou l’ensemble du système afin que les fleuves de la vie puissent s’écouler et irriguer les champs desséchés. »(4). On peut comprendre ici « fleuves de la vie » par l’ensemble des systèmes circulatoires du corps humain : vasculaire, nerveux, lymphatique, liquide céphalo-rachidien, respiration. C’est ce que l’on retrouve dans l’idée de la « règle de l’artère » avec l’importance de l’intégrité de ces systèmes.

  • La relation structure/fonction. Le corps a une multitude de fonctions : locomotrice, digestive, cardiaque, psychologique etc. Chacune d’entre elles s’appuie sur des éléments anatomiques de structure. Ces 2 notions s'influencent mutuellement.

Voici la définition des fondements de l’ostéopathie, par l’Organisation Mondiale de la Santé(2) :

« L’ostéopathie (également appelée médecine ostéopathique) se fonde sur le contact manuel pour tout diagnostic et tout traitement. Elle respecte la relation qui existe entre le corps, la pensée et l’esprit sain et malade. Elle accorde une importance considérable à l’intégrité structurelle et fonctionnelle du corps et à la tendance intrinsèque du corps à l’auto-guérison. Les praticiens ostéopathes utilisent un large éventail de techniques thérapeutiques manuelles pour améliorer la fonction physiologique et/ou réguler l’homéostasie altérée par un dysfonctionnement somatique (structure corporelle), c'est-à-dire une fonction entravée ou altérée des éléments associés du système somatique, des structures squelettiques, arthrodiales et myofasciales et des éléments associés vasculaires, lymphatiques et neuraux.

Les praticiens ostéopathes utilisent leur connaissance des relations entre la structure et la fonction pour optimiser les capacités d’autorégulation et d’auto-guérison du corps. Cette approche holistique des soins et de la guérison des patients se fonde sur le concept que l’être humain est une unité fonctionnelle dynamique, au sein de laquelle toutes les parties sont intimement liées et qui possède ses propres mécanismes d’autorégulation et d’auto-guérison. Un des éléments essentiels des soins ostéopathiques est constitué par la thérapie manuelle ostéopathique, qu’on appelle généralement traitement manipulatif ostéopathique (TMO). Il se rapporte à un ensemble de techniques manipulatives qu’il est possible d’associer à d’autres traitements ou conseils, un régime par exemple, une activité physique une posture ou une prise en charge psychologique. »

L’ouverture à « d’autres traitements » (non précisés), conseils ou prise en charge complémentaire semble être un ajout à la définition première. D’ailleurs nous savons aujourd’hui que même si « un des éléments essentiels des soins ostéopathiques est constitué par la thérapie manuelle ostéopathique »(2) celle-ci ne constitue pas une finalité en soi. J.M Menke en 2014 montre que les effets contextuels sont impliqués dans la variation de la douleur aigüe à 81% et chronique à 66% (8). Un traitement considéré uniquement via l’aspect manuel fait donc face à certaines limites : les effets contextuels tels que l’environnement clinique, les caractéristiques du praticien, la relation patient/praticien , les caractéristiques du patient, et le traitement ont également un impact sur le résultat clinique de la douleur musculosquelettique(9).

Il est également question de l’importance de la relation patient-praticien et de l’approche patient-centrée : « L’ostéopathie met l’accent sur le lien dynamique étroit qui existe entre ces facteurs [« physiques et non physiques »] et l’importance de la relation patient-praticien dans le processus thérapeutique. C’est une forme de thérapie centrée davantage sur le patient que sur la maladie. »(2). Ce que l’on qualifie d’alliance thérapeutique est également abordé : « importance du partenariat thérapeutique que constituent le patient et le praticien. »(2).

Selon le rapport de l’OMS, les praticiens sont invités à intégrer aux principes ostéopathiques, les connaissances scientifiques et médicales actuelles. On retrouve d’ailleurs dans le modèle appelé Evidence Based Medicine développé dans les années 1980, trois notions clefs présentes dans les principes ostéopathiques décris par l’OMS :

  • L’utilisation des données actuelles de la science ;

  • L’expérience clinique du praticien (traduction de evidence par expertise clinique) ;

  • Les préférences du patient.

(2) http://www.osteofrance.com/actualites/media/pdf/ufof_Rapport_OMS.pdf.

(4) Still AT. Autobiographie du fondateur de l’ostéopathie. Sully; 2017

(5) Still AT. La philosophie et les principes mécaniques de l’ostéopathie. 1re éd. Frison-Roche; 2001

(6) Still AT. Philosophie de l’ostéopathie. Sully; 2007

(8) Menke JM. Do Manual Therapies Help Low Back Pain?: A Comparative Effectiveness Meta-Analysis. Spine. 29 janv 2014;39.

(9) Testa M, Rossettini G. Enhance placebo, avoid nocebo: How contextual factors affect physiotherapy outcomes. Manual Therapy. 1 avr 2016;24

Définitions

Sont utilisées ici les définitions du Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, selon l’arrêté publié en 2014(1).

L’ostéopathe : L’ostéopathe, dans une approche systémique, après diagnostic ostéopathique, effectue des mobilisations et des manipulations pour la prise en charge des dysfonctions ostéopathiques du corps humain. Ces manipulations et mobilisations ont pour but de prévenir ou de remédier aux dysfonctions en vue de maintenir ou d’améliorer l’état de santé des personnes, à l’exclusion des pathologies organiques qui nécessitent une intervention thérapeutique, médicale, chirurgicale, médicamenteuse ou par agent physique.

Diagnostic ostéopathique : le diagnostic ostéopathique comprend un diagnostic d’opportunité et un diagnostic fonctionnel :

  • Diagnostic d’opportunité : démarche de l’ostéopathe qui consiste à identifier les symptômes et signes d’alerte justifiant un avis médical préalable à une prise en charge ostéopathique

  • Diagnostic fonctionnel : démarche de l’ostéopathe qui consiste à identifier et hiérarchiser les dysfonctions ostéopathiques ainsi que leurs interactions afin de décider du traitement ostéopathique le mieux adapté à l’amélioration de l’état de santé de la personne.

Dysfonction ostéopathique : altération de la mobilité, de la viscoélasticité ou de la texture des composantes du système somatique. Elle s’accompagne ou non d’une sensibilité douloureuse.

Traitement ostéopathique : ensemble des techniques ostéopathiques adaptées à la personne en fonction du diagnostic ostéopathique visant à améliorer l’état de santé de la personne.

Technique ostéopathique : ensemble de gestes fondés des principes ostéopathiques.

Manipulation/mobilisation : la manipulation est une manœuvre unique, rapide, de faible amplitude, appliquée directement ou indirectement sur une composante du système somatique en état de dysfonction afin d’en restaurer les qualités de mobilité, de viscoélasticité ou de texture. La manipulation porte la composante concernée au-delà de son jeu dynamique constaté lors de l’examen, sans dépasser la limite imposée par son anatomie. Appliquée sur une articulation ou sur un ensemble d’articulations, elle peut s’accompagner d’un bruit de craquement (phénomène de cavitation) qui n’en constitue cependant pas nécessairement un indice et qui est sans valeur pronostique. La mobilisation est un mouvement passif parfois répétitif, de vitesse et d’amplitude variables, appliqué sur une composante du système somatique en état de dysfonction.

(1) Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes. Arrêté du 12 décembre 2014 relatif à la formation en ostéopathie (JORF n°0289 du 14 décembre 2014). AFSH1426478A p. 108